L’ASEAN à Bordeaux


Lundi 10 mai 1999

ASIE DU SUD-EST

L’ASEAN à Bordeaux

Les ambassadeurs en France des dix pays de l’Association des Etats du Sud-Est asiatique font une visite groupée exceptionnelle en Aquitaine.

L’ASEAN est un ensemble politico-économique considérable puisqu’elle regroupe 500 millions d’habitants pour un produit intérieur brut évalué à 600 milliards de dollars. Autant dire que la visite à Bordeaux des ambassadeurs en France des dix pays membres (1) revêt une importance exceptionnelle pour la région.

   C’est le consulat royale de Thaïlande, le seul des dix pays représentés consulairement à Bordeaux, qui est chargé de l’organisation d’une visite de deux jours (aujourd’hui et demain) qui comprend plusieurs volets : une visite au maire de Bordeaux Alain Juppé ; une rencontre économique à la Chambre de commerce et d’industrie à laquelle plus de quarante entreprises régionales vont participer, enfin une visite de la Foire internationale de Bordeaux. Sans oublier, au chapitre plus touristique, une escapade dans le vignoble bordelais.

   Les Bordelais ignorent sans doute que l’un des principaux précurseurs de l’ASEAN est un « Bordelais » : ancien élève du lycée Longchamp (Montesquieu) et de la faculté de droit de Bordeaux, le docteur Thanat Khoman, aujourd’hui retiré, fut l’inamovible ministre des affaires étrangères de son pays dans les années 60 et 70, et fait toujours figure d’un grand homme d’Etat en Thaïlande. C’est à lui que la région doit d’avoir compris qu’elle pouvait peser en Asie et dans le monde en s’organisant sur le plan économique et institutionnel. Quant à l’actuel consul de Thaïlande à Bordeaux, le docteur Pathom Vongsuravatana, il est l’un des théoriciens de l’ASEAN et a puisé ses leçons chez l’illustre ministre.

   Cette union des pays coincés entre l’Inde et la Chine n’a pas été facile. Créée il y a trente ans l’ASEAN a connu une évolution lente, largement due au fait que ces pays sont très divers au plan politique : des micro-Etats aux réserves financières considérables (Singapour ou le sultanat de Brunei) y côtoient les dernières économies socialistes du Vietnam ou du Laos, ou encore les « tigres » de la nouvelle industrialisation (Thaïlande ou Malaisie). Même si l’ensemble des régimes politiques sont autocratiques, il y a des nuances de taille : si les Philippines ou la Thaïlande donnent des signes réels de démocratisation, le Myanmar (ex-Birmanie), l’Indonésie et, plus récemment, la Malaisie suscitent de nombreuses réserves dans l’opinion occidentale. Et on remarque que ce sont surtout des Asiatiques formés à l’école européenne qui font progresser l’idée de l’ASEAN.

   S’agissant de Bordeaux et de l’Aquitaine, cette région d’Asie est un partenaire commercial considérable, quoique méconnu : la Thaïlande, pour ne prendre qu’un exemple, pointait il y a peu en troisième position des partenaires commerciaux de l’Aquitaine en Asie après le Japon et la Chine.

C.L.

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  • La Thaïlande, la Malaisie, Singapour, l’Indonésie, les Philippines, le sultanat de Brunei, le Vietnam, le Laos, le Myanmar (ex Birmanie) et le dernier venu, le Cambodge.